L’industrialisation des cleantech françaises se poursuit – Briefing Trimestriel Q1 2024

Après le record de l’année 2023, 2024 débute comparativement plus calmement mais confirme une tendance encourageante : la France continue de faire émerger des champions de la cleantech européenne. L’industrialisation et le déploiement des solutions d’innovateurs français montre la capacité de l’écosystème national à créer les fleurons de demain. Il faut maintenant accélérer ce mouvement afin de déployer toutes les solutions nécessaires pour la transition écologique et la souveraineté française et européenne.

Un premier trimestre qui poursuit la tendance forte des dernières années

Avec €650 millions investis en capital-risque dans la cleantech, le premier trimestre de 2024 dépasse largement le premier trimestre 2023 (€351 millions) et se situe au-dessus de la moyenne des trimestres depuis 2020 (€540 millions). Il n’égale néanmoins pas la moyenne des trimestres de l’année record que fut 2023 (€856 millions).
En nombre d’investissements, le premier trimestre 2024 est dans la tranche basse des dernières années avec 19 transactions, nettement en-dessous de la moyenne depuis 2020 (27).

La France en retard par rapport à ses voisins européens

Au niveau européen, la France peine à maintenir un niveau d’investissement équivalent à celui de ses voisins : l’Allemagne et le Royaume-Uni devancent la France de respectivement 33% et 19%. Cette différence importante confirme le fait qu’il y a un besoin important d’investissement privé pour contribuer à combler le déficit d’investissement cleantech observé en Europe comme en France. Malgré son potentiel important pour développer des cleantech, et malgré des succès européens marquants, la France ne parvient pas à rattraper ses voisins européens de taille similaire et à investir les sommes nécessaires à atteindre ses ambitions de souveraineté et de transition écologique.


En nombre d’investissements, la France est en 3e position en Union Européenne derrière l’Allemagne qui en a compté le double (38) et la Suède (22), et nettement derrière le Royaume-Uni (59). Les levées de fonds françaises sont donc en moyenne de taille supérieure à celles de ses voisins européens.

L’électrification des transports continue d’attirer la majorité des financements

Le secteur dominant au premier trimestre 2024 est celui des transports et de la logistique avec 49% de l’investissement, notamment du fait d’une levée de fonds majeure d’Electra, scale-up de déploiement de bornes de recharge rapides pour véhicules électriques. Ce secteur est suivi par ceux de l’énergie (16%) et des technologies transverses (incluant Greenly, une plateforme de comptabilité carbone, et GreenerWaves, un producteur d’antennes efficaces énergétiquement) (15%).


Cette dynamique suit celle de l’année 2023 qui a vu, notamment avec la levée record de Verkor au troisième trimestre, une grande partie de l’investissement cleantech aller dans le secteur des transports, et particulièrement des véhicules électriques. Les ventes de véhicules électriques ayant augmenté de 37% en 2023 par rapport à 2022 en France, cet engouement n’est pas étonnant. Il est accompagné par des mesures de l’Etat comme le leasing social instauré en décembre 2022 et suspendu en février 2024 jusqu’en 2025 après avoir atteint le palier de 50 000 commandes, permettant une adoption large des véhicules électriques dans le pays.

Actualités des fonds d’investissement cleantech

Mirova a annoncé le closing du fonds Mirova Gigaton Fund à hauteur de €262 millions pour accélérer la transition énergétique dans les marchés émergents en Afrique et en Asie Pacifique, ainsi qu’en Amérique Latine et au Moyen-Orient.

Demeter a obtenu pour son fonds d’infrastructure Climate Infrastructure Fund le label Tibi 2 dédié aux projets d’infrastructure d’efficacité énergétique. Porté par le ministère de l’Economie, des Finances, et de la Souveraineté Industrielle et Numérique, ce dispositif mobilise une trentaine d’investisseurs institutionnels qui s’engagent à soutenir l’innovation et les nouvelles technologies en investissant 7 milliards d’euros dans des fonds labellisés. Le Climate Infrastructure Fund est le deuxième fonds d’infrastructures labellisé Tibi 2 depuis le lancement de l’initiative en 2019.

Innovacom a finalisé la levée de son nouveau Fonds Commun de Placement pour l’Innovation (FCPI) « Industrie d’Avenir et Territoires », confirmant l’intérêt croissant du public pour les entreprises technologiques et industrielles de leur territoire. Cette levée a atteint €27 millions et vise à accompagner les PMEs innovantes à tous les stades de leur développement dans les territoires.

Point politique : un remaniement, peu d’annonces climatiques et le lancement de la campagne des élections européennes

La plus grande levée du trimestre en Europe : Electra accélère le déploiement de bornes de recharge sur le continent

Electra a réalisé la levée de fonds la plus importante du trimestre : une Série B de €304 millions levée pour étendre son réseau de bornes de recharge en Europe, avec pour objectif le déploiement de 2 200 stations (15 OOO bornes) d’ici 2030. Cette levée a été faite auprès du fonds de pension néerlandais PGGM, avec entre autres Bpifrance, Eurazeo, Serena, Rive Private Investment et 574 Invest (SNCF). Cette levée est un record français pour le secteur et est la plus grande levée réalisée ce trimestre en Europe.

Image : Electra Charging

Cette levée menée par un fonds de pension européen confirme le rôle essentiel que doivent jouer des investisseurs institutionnels dans le passage à l’échelle des cleantech, et l’importance du marché européen pour les scale-ups françaises. Cet exemple de réussite reste malheureusement trop rare, alors qu’en 2021, les fonds de pension européens n’ont investi que 0,018% de leurs actifs dans des fonds de capital-risque, contre 1,9% pour les fonds de pension publics américains.