Nos données couvrent les investissements en capital-risque (Seed, Série A, Série B et Growth Equity). La cleantech couvre les technologies ayant un impact positif sur le climat et l’environnement, divisées en cinq industries : énergie, matériaux et chimie, agriculture et alimentation, ressources et environnement et transports et logistique.
Avec €1,07 milliards investis en capital-risque dans la cleantech en France, le troisième trimestre 2023 marque un record, dépassant le premier trimestre 2022 en valeur. Ce trimestre amène le total de l’année 2023 à €2,1 milliards investis : selon toute probabilité, cette année marquera également un record, dépassant 2022 (€2,3 milliards) et 2021 (€1,7 milliards).
Ce trimestre record s’explique avant tout par un investissement historique : la levée en Série C par Verkor de €850 millions visant à accélérer la construction de la première Gigafactory de production de cellules de batteries bas-carbone et haute performance à Dunkerque. Le principal investisseur de cette levée est Macquarie Asset Management, accompagné de Meridiam, Renault Group, EQT Ventures, EIT InnoEnergy, Sibanye-Stillwater, le fonds SPI de Bpifrance, le Crédit Agricole Assurances, le Fonds Stratégique de Participation, CMA GGM et Airbridge Investments. A cette somme s’ajoutent des subventions de l’Etat et de la dette levée auprès de la Banque Européenne d’Investissement, amenant la somme totale à €2 milliards. Cette subvention de €650 millions a été rendue possible par l’adaptation des règles de subventions au niveau européen dans six domaines clés dont les batteries.
Avec cet investissement record, la France se hisse au sommet du classement européen, devancée uniquement par la Suède, qui s’illustre avec un autre investissement record : la levée par H2 Green Steel d’€1,5 milliards en Growth Equity pour financer sa première usine d’acier bas carbone. Cette multiplication de levées de fonds de très grande taille réunissant de multiples investisseurs pour des projets de première usine semble indiquer une nouvelle ère du financement de l’innovation cleantech, marquée par des investissements dépassant €1 milliards d’euros par levée en late-stage. Il est intéressant de noter que Northvolt a levé €1,1 milliards en dette au cours du troisième trimestre, s’ajoutant à la liste des financements historiques pour la cleantech européenne.
A l’inverse de l’investissement en valeur, le nombre d’investissements a considérablement baissé ce trimestre, avec 18 investissements, moitié moins qu’au deuxième trimestre 2023. En valeur comme en nombre, le troisième trimestre 2023 est particulièrement bas pour l’investissement early-stage.
Sans surprise, le secteur dominant avec 90% de l’investissement du trimestre est celui de l’énergie, regroupant les deux plus gros investissements du trimestre : Verkor et Accenta (système énergétique pour décarboner le chauffage et la climatisation). Le deuxième secteur est celui des ressources et de l’environnement avec 4% de l’investissement.
Parmi les 10 plus gros investissements du trimestre, quatre ont été réalisés en Auvergne-Rhône-Alpes, trois ont été réalisés en Ile-de-France, un a été réalisé en Nouvelle-Aquitaine, un a été réalisé en Occitanie, et un a été réalisé en Auvergne-Rhône-Alpes pour l’installation d’une usine dans les Hauts-de-France. On observe une implantation régionale continue de la cleantech industrielle autour de plusieurs pôles d’importance sur les derniers trimestres : les batteries dans les Hauts-de-France (Verkor, Automotive Cells Company, Envision, Prologium), la chimie et les semi-conducteurs en Auvergne-Rhône-Alpes (Greenwaves, Quobly), etc.
Côté politique publique, la rentrée a été l’occasion de la présentation par le Président de la République de son cap de la planification écologique. Parmi les points qu’il a soulevés, nous retenons :
La rentrée politique a aussi été marquée par :
Cleantech for France a publié la semaine dernière un nouveau rapport sur le passage à l’échelle des cleantech en France. Ce dernier a été écrit à partir des témoignages de l’écosystème cleantech et dresse un certain nombre de recommandations pour mettre en place les conditions nécessaires au passage à l’échelle des cleantech en France et en Europe. Ces dernières concernent le financement public comme privé, la réglementation, les compétences, la demande, l’accès à l’énergie et la coopération européenne. Lisez ce rapport ici.
A l’occasion de la publication de ce rapport, Cleantech for France a organisé une table-ronde le 20 octobre pour réunir innovateurs, investisseurs, décideurs publics et chercheurs afin de discuter des barrières au passage à l’échelle et de formuler des recommandations pour les lever.